jeudi 30 septembre 2010

Alex et moi

Alex et moi, on se connaît depuis la classe de première au lycée Ampère à Lyon. C'était en 1970, nous nous sommes retrouvés assis l'un à côté de l'autre. Après le bac, nous sommes allés tous deux à l'université Lyon 1 en maths-physique. C'est au cours de cette année qu'il a trouvé le grand amour avec Dorthe. Du coup, il a repiqué l'année et nos chemins se sont séparés un moment, jusqu'en janvier 1978. Nous avons commencé tous les deux en même temps au CNET Paris en tant qu'inspecteur des PTT. Nous ne nous sommes pas beaucoup vu depuis son retour à Lyon, mais toujours très régulièrement. Et aujourd'hui, nous avons une correspondance suivie et très riche par mail.
 
En réponse à mon envoi l'invitant à écouter deux émissions de "Là-bas si j'y suis" où intervenait Bernard Friot*, il me dit ses doutes**.

Et je lui réponds**.

"La gauche peut être croyante et la droite est religieuse - c'est toute la différence entre foi et religion. On est bien mieux et la vie est bien plus agréable sans ni l'une, ni l'autre.

L'esprit de Philadelphie a produit les trente glorieuses, le théorème de Schmidt a produit les trente piteuses. Notre génération est le produit des trente glorieuses, les trente piteuses ont commencées quand on est devenus adultes. Et on ne s'est pas rendu compte à quel point le débat politique était soumis à la lutte entre la droite et le patrimoine contre la gauche et le travail. Nous nous sommes dit: "et si c'était vrai qu'il fallait faire des efforts pour créer des emplois. Maintenant on sait que c'est la rémunération du travail qui produit la richesse. Bernard Friot a raison de promouvoir la cotisation contre le marché financier pour financer l'activité économique.

Tu te demandes pourquoi aucun n'a pris cette solution. Mais tout simplement parce que nous ne sommes que des Hommes et que la société est d'abord le produit de l'histoire soumise à des rapports de force, pas le résultat d'un débat entre honnêtes-hommes. Et c'est l'argent aujourd'hui l'arme la plus efficace. Ce sont ceux qui ont de l'argent qui dirigent aujourd'hui.

Mais je pense que l'on peut donner du poids au débat en convainquant. La multitude est la seule arme capable de contrer l'argent. C'est la multitude résistante qui a traduit l'esprit de Philadelphie dans le programme du Conseil national de la Résistance et qui a construit les trente glorieuses. Helmut Schmidt était social-démocrate, un constituant de la gauche. Il n'a fait que formuler ce que la plupart des citoyen de gauche ont accepté. C'est la le bon reproche qu'on peut faire aux socialistes et aux autres qui ont laissé faire. C'est la faute de notre génération. Mais nous avons bien trente ans encore pour effacer cette faute et aider nos enfants à retrouver l'esprit de Philadelphie.

Ce que tu vis avec ta "retraite - salaire continué", c'est le modèle que je cherche à défendre en promouvant le nouveau statut du travail salarié de la CGT. Ce n'est pas de la fiction et, dans mon mandat au Conseil de développement économique et social du pays et de l'agglomération de Rennes, c'est à ça que je travaille.

Mais tu sais, je pense que l'histoire ne finira jamais et que l'Homme travaille suffisamment à sa perte pour que, régulièrement, il y ait besoin de s'investire pour changer le cours de l'Histoire. Je n'ai pas de programme, j'ai seulement l'esprit de Philadelphie."
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* Les émissions du 23 juin et du 2 septembre 2010. (téléchargements longs, patienter sur l'écran blanc)
** C'est toujours à peu près sous ce scenario que nous fonctionnons.