Extrêmement déçu de n'avoir pas réussi à faire de Régny, avec mes frères et soeur, la maison Soulier-Devillaine, j'ai fini par acheter leurs parts dans l'indivision. Et le 2 novembre dernier, c'est dans la maison Soulier-Thomazeau que je suis rentré.
La maison Soulier-Devillaine |
Narcisse, comme Antoine, a eu un énorme plaisir à en recevoir la clef. Pauline pense bien qu'elle réussira à y implanter le billard et tout son environnement dans les métiers. Martine et moi, nous voulons pouvoir y recevoir la famille et les amis. En 2011, nous y passerons sûrement beaucoup de notre temps libre.
1929 - La famille Devillaine-Cholleton avec ma mère en gestation. |
La famille Devillaine-Cholleton s'est installée en 1930. Pour financer la maison, mon grand-père a bâti des métiers. Saint-Symphorien de Lay est une commune agricole en ce temps là, où les paysans occupaient leurs hivers à tisser. Mais la France voyait arriver la crise de 1929 et les métiers installés n'ont pas beaucoup servi.
Après la naissance de ma mère, la mort a frappé la famille. Suzanne est morte en 1935 de leucémie. Caco, le frère de mon grand-père, m'a raconté comment sa jeune nièce avait sublimé sa maladie dans une foi mystique et une multitude de pèlerinages à Lourdes.
Ma grand-mère est morte en 1947. Elle a souffert du manque d'argent et du poids des remboursements de la maison. Ma mère en a retiré un manque total de projet immobilier.
Mon grand-père s'est remarié avec Jeanne Massard. C'est elle que j'ai appelé Mémé. C'est avec elle que j'ai passé énormément de temps toute mon enfance, et avec Tato, ma tante Hélène.
1954 - Maman et moi |
1954 - Papa et moi |
Un mois après ma naissance, j'y ai passé la première année de ma vie avec Maman, Tato et mes grands-parents. Mon père vivait la semaine à Lyon où il travaillait. Il nous rejoignait dès qu'il ne travaillait pas. La maison avait déjà presqu'un quart de siècle.
J'ai passé presque toutes mes vacances entre Régny dans la maison avec Mémé et Tato et Saint-Symphorien de Lay avec Caco. J'ai contribué à l'achat de la part de Charlotte par mes parents. J'ai toujours ramené mes enfants et fait de ce lieu un centre pour Martine et moi.
La famille Soulier-Devillaine habitait à Bron. Tous les week-ends, Tato venait voir la famille de sa soeur chérie, Simone, ma mère. Quand elle ne venait pas, nous allions à Régny.
Un week-end à Régny s'achève. Tato nous accompagne à la gare. |
Un jour, lors d'un de ces si nombreux repas pris avec Tato et Mémé, j'avais une vingtaine d'année, j'ai vu le souci que leur posait la question de l'avenir de la maison. Tato et Mémé se rendaient bien compte que notre vie ne serait pas localisée près de Régny, mais probablement à Paris - ce fut à Rennes pour moi, à Paris pour Alain et Philippe, à Lyon pour Christian et Roanne pour Françoise qui est restée proche de nos parents, trop proche pour ne pas fuir Régny et les peines qui y sont survenues: la maladie de ma mère et la solitude de mon père.
1995, les Soulier-Devillaine |
C'est en 1995, réuni pour les quarante ans de Christian et les trente ans de Philippe, qu'Alain a eu la bonne idée de prendre la photo, la dernière de Maman entourée par les siens qu'elle aimait tant.
Elle est décédée le 24 décembre 1995, laissant Papa seul pendant treize ans. Ils se sont retrouvés le 4 avril 2008 et, bien que je ne sois pas croyant, j'aime les imaginer ensemble. J'admets l'éventualité d'un Dieu fils de l'Homme si l'Homme se conduit bien - rien n'est gagné d'avance.
Il a bien fallu les aider, mais ils nous ont laisser ce lieu, cette maison Devillaine, cette maison de Monsieur le maire auquel les Rényçois ont bien voulu donner un nom de rue: la rue Jean Devillaine est celle qui conduit de la gare au centre ville.
La maison Devillaine... |