mardi 20 septembre 2011

Mondialisation

La mondialisation s'impose sous le visage pervers de la finance qui détruit les emplois dans les pays industrialisés sans réduire la pauvreté massive des pays émergents. C'est pourtant une marche importante vers un monde où la facilité des voyages favorisera la construction de chacun par les autres: ubuntu.

L'humanité est une espèce animale qui a une capacité incroyable d'adaptation. Elle a colonisé les territoires les plus inhospitaliers de la terre et élaboré les sociétés et les modes de vie les plus diversifiés. Mais cette diversité fait peur aux plus timorés. "Vérité en deça des Pyrénées, erreur au delà." a écrit Montaigne. Cette parole ne dit rien des massacres que l'étranger, l'incroyant, l'immigré ont pu endurer.

La mondialisation et la facilité qu'elle apporte aux voyages met de plus en plus d'individus au contact de la diversité. Chacun apprend que l'humanité est une, simplement adaptée à la diversité de son environnement domptée par l'histoire.

Sur tous les continents, l'humanité subit la loi de la jungle de ses origines toujours présente dans la société de concurrence d'aujourd'hui et celle de la religion qui a élevé sa conscience, mais qui empêche aujourd'hui toute fraternité universelle.

Les révolutions arabes, les indignés Israëliens, les mouvements sociaux chinois qui arrachent de fortes augmentations de salaires montrent l'universalité des aspirations humaines. En Afrique du Nord, on craignait des mobilisations islamiques, ce sont des mouvements sociaux qui ont renversé les dictatures. En Israël, ce sont le pouvoir d'achat, le prix des logements, l'emploi qui déstabilisent le pouvoir des ultras. L'Humanité s'émancipe des identités particulières héritées d'une organisation tribale révolue. Sur toute la surface de la terre, l'Homme est le même.

J'aime l'Amérique intellectuelle qui a fleuri au milieu du siècle dernier, mais qui peine à s'émanciper des croyances de l'"American way of life" et de sa foi en la réussite individuelle qu'il faut décrédibiliser. J'aime les idéologies prospectives qui veulent faire le bonheur de l'Homme, mais qui se perdent dans l'intolérance et le totalitarisme et dont il faut se défendre. J'aime la foi du croyant qui soulage sa peine, mais qui, au mieux, plaint l'incroyant, au pire lui impose soit la conversion, soit la mort.

La plupart des Hommes puisent leurs ressources de vie dans leur travail. Il faut donc examiner la manière dont leur prestation est appréciée.
- En économie de service public, c'est la qualité de la prestation qui est évaluée. Le service peut être rémunéré par crédits publics, mais aussi par les utilisateurs clients. Tout le problème consiste à rester raisonnable sur la qualité de service pour éviter un coût trop important. L'expérience a montré qu'une régulation administrative pouvait coûter très cher et rendre le service inapproprié. Seule une régulation concertée entre autorité politique (modèle de société choisi par les citoyens), prestataires et usagers peut être efficace.
- En économie concurrentielle, c'est la performance financière qui est évaluée. Le service est rémunéré par les clients qui obtiennent une qualité de service en rapport avec ce qu'ils acceptent de payer. Le problème se produit dans les situations de rareté ou d'investissements élevés, comme le secteur des télécoms où aucun opérateur ne peut répondre à la demande sociale de mise en place de l'infrastructure nécessaire au très haut-débit pour tous.
- En économie financière, c'est l'image de la performance financière qui est évaluée. Il s'agit alors de créer de la valeur pour les propriétaires des entreprises. La crise économique est assurée dans ce monde: le nôtre aujourd'hui. L'an 2000 a vu, dans le secteur des télécoms, des patrons mener leur entreprise à la perte pour étendre leur part de marché et la vendre à un grand opérateur cherchant à se positionner sur le marché.

L'Homme a besoin d'une société d'économie mixte où les secteurs bénéficient des environnements les plus adaptés. Il doit se sortir de l'économie financière qui les a rapprochés, mais qui les condamne maintenant à la pauvreté et à la guerre. L'Europe a prospéré grâce à cette économie mixte. Le Monde peut se l'approprier grâce à la mobilisation universelle des travailleurs et à un syndicalisme mondialisé.

Le métier d'ergonome qui est le mien maintenant m'apporte la grande satisfaction d'une activité intellectuelle fondée sur le contact et l'écoute et le grand confort d'une situation d'expert dans une entreprise conduite par cette nouvelle race de patrons grassement payés aux ordres de leurs commanditaires, les actionnaires, qui se conduisent comme des parasites sur un organisme vivant.

Mais ma génération doit commencer à passer la main. Mon parcours de salarié et de syndiqué m'oblige à partager mon expérience, à la mettre au service de la transformation de la société pour un monde plus beau et plus fraternel. La mondialisation en est le cadre. Mais je suis sûr que partout dans le monde il y a la même volonté. Et ça vaut le coup de s'y mettre.